Du 6 juillet 2018 au 21 septembre 2018

La Panne

 

Il nous aura fallu 2 mois et demi pour venir à bout de nos problèmes et aussi pour pouvoir en parler, bien que certaines interventions nous restent encore en travers de la gorge.

La dépanneuse vient nous chercher sur la route du col
La dépanneuse vient nous chercher sur la route du col

Notre panne survient alors que nous montons un petit col. Soudain le moteur se met à tousser. Juste le temps de se garer sur un petit parking que le moteur s'arrête ! Plus moyen de le redémarrer.

Nous téléphonons à l'assistance qui met en oeuvre un processus de dépannage.

Près de 2 heures après, un dépanneur nous remorque jusqu'à un garage d'Akureyri dont nous sommes distants de 20 km.

Le garage où il nous a emmené est un Volkswagen, Audi, Toyota, etc., mais pas Renault. Ils n'arrivent pas à détecter la panne et décident de nous envoyer sur un autre garage, aussi multi-marques, mais qui ferait Renault.

Mais il est 18 h et on est vendredi soir et rien ne se fera avant lundi !!!

 

L'assistance nous propose un hôtel, mais nous ne voulons pas abandonner le camping-car et nous demandons de pouvoir rester sur le parking de la concession pendant le week-end. On nous fournit un branchement électrique et nous allons passer 3 nuits sur ce parking. Glamour, n'est-ce pas ?

 

Nous avons donc passé le week-end sur ce parking. Heureusement il y a un centre commercial à proximité, ce qui nous permet de passer le temps.

Le lundi nous sommes prêts aux aurores.

8 h : rien

8 h 30 : rien

9 h : rien

Jacques va à la réception et rencontre l'équipe du garage affairée à... boire le café. Il demande si le remorqueur arrive et semble soulever une question à laquelle ils ne s'attendaient pas. Coup de téléphone... le dépanneur va arriver. Jacques retourne au camping-car.

Moins de 5 minutes s'écoulent et on voit un camion de dépannage avec plateau arriver.

L'employé (le même qui nous avait dépanné vendredi) va vers la réception sans un regard pour nous. On attend 5 minutes mais comme il ne vient pas, Jacques retourne au bureau pour voir le dépanneur... en train de boire un café !

En me voyant, un déclic se fait probablement dans sa tête, car il réalise que c'est un camping-car qu'il doit transporter. Son camion n'est pas assez grand et il doit retourner pour en changer.

Son garage ne doit pas être loin car il est de retour 10 mn plus tard et peut enfin nous tracter jusqu'au garage Renault distant d'un km environ.

 

Transfert vers le garage Renault
Transfert vers le garage Renault

Ici c'est un vrai garage où les ouvriers sont en bleu de travail avec de la graisse sur les mains car chez Volkswagen, à part brancher l'ordinateur, ils n'avaient rien su faire. Ah si ! Ils ont su envoyer une facture de plus de 400 € pour frais de gardiennage pour les 3 nuits passées sur leur parking. Avec électricité quand même !

Nous ne savons pas où est passée cette facture, en tous cas on a refusé de la payer.

Le garage Renault où nous sommes maintenant, nous prend en charge et s'efforce de faire un diagnostic.

 

C'est sur ce parking que notre camping-car va passer ses 2 prochains mois
C'est sur ce parking que notre camping-car va passer ses 2 prochains mois

Nous découvrons le pragmatisme des Islandais. Alors que nous sommes pressés de savoir ce qu'il en est puisque notre bateau est prévu le 19 juillet et que nous avons déjà perdu 3 jours à cause du week-end, le maître mot est : "step by step", un pas à la fois !

D'abord faire le diagnostic, puis commander les pièces, puis les recevoir, puis faire la réparation, etc. Mais on n'anticipe pas l'opération suivante tant que la précédente n'est pas achevée. Et entre 2... on prend le temps d'un café !

De plus nous arrivons dans ce garage comme un cheveu dans la soupe et on voit bien qu'ils ont beaucoup de travail.

Le camping-car est garé sur un parking extérieur, mais non branché. Ça nous permet quand même de rester dedans.

La journée nous prenons le bus gratuit qui mène à Akureyri, mais on a vite fait le tour de cette petite ville.

 

Pour communiquer avec le garage, ce n'est pas très facile, il faut parler en anglais et les termes techniques sont difficiles à comprendre.

L'assistance suit de près notre dossier et nous aide, mais la nouvelle qu'ils nous annoncent ne nous réjouit guère : la panne provient de la pompe d'injection qui s'est bloquée, entraînant la détérioration de la courroie de distribution et provoquant un décalage du moteur ayant pour conséquence la détérioration des soupapes! Étant donné l'âge respectable de notre camping-car, il n'est pas "économiquement" réparable !

Va-t-on devoir abandonner ici notre fidèle compagnon, témoin de tant de bons moments passés ensemble ? Nous nous refusons à cette éventualité, quitte à dépenser plus que sa "valeur vénale", qui n'est rien au regard de la valeur sentimentale qu'il a à nos yeux.

 

Cependant il y a un problème de taille : le modèle de notre porteur étant un Master Renault de 18 ans d'âge, on ne trouve pas de pompe neuve en Islande et le parc d'occasion n'est pas assez important pour espérer en trouver en échange standard. 

Nous convenons avec le garagiste de rentrer en France grâce à l'assistance, d'y acheter les pièces de rechange, de les lui envoyer pour qu'il puisse faire les réparations et de revenir plus tard pour rechercher le CC.

Ça fait déjà 6 jours que nous sommes tombés en panne. Nous proposons de fixer le rapatriement au 14 juillet qui est ici un jour comme les autres!

Ce protocole validé par l'assistance, il ne reste plus qu'à organiser le voyage de retour : taxi du garage à l'aéroport d'Akureyri, avion d'Akureyri à Reykjavik, taxi de l'aéroport à l'hôtel, nuit d'hôtel à Reykjavik, taxi encore le lendemain matin (lever à 4h!) jusqu'à l'aéroport de Keflavik, vol de Keflavik à Bruxelles (Bruxelles est plus près de chez nous que Paris) et enfin dernier taxi de Bruxelles à la maison. Ouf !

Nous quittons donc notre cher compagnon à 17 h, la gorge un peu serrée, après que Mireille lui ait même fait un bisou, en promettant de revenir le rechercher, pour près de 24 h de voyage !

 

Une fois en France il faut organiser la réparation à distance et le voyage du retour.

D'abord annuler le retour du bateau prévu initialement en juillet puisque de toute évidence le CC ne sera pas réparé à temps.

Echange de mails avec Smyril Line pour décaler la date de retour. La réponse est ferme : tout voyage aller-et-retour commencé est considéré comme utilisé en totalité, donc pas de possibilité de report, encore moins de remboursement même avec pénalités.

Je vous passe les noms d'oiseaux, mais rien n'y fait et on nous renvoie à chaque fois aux termes du contrat.

Un conseil donc, on ne souhaite pas que ça vous arrive, mais il est préférable de réserver séparément l'aller et le retour, ce qui permet éventuellement d'annuler le retour (avec des pénalités quand même).

Smyril Line ayant le monopole de la traversée, pas moyen de l'éviter.

 

Malgré tout, comme il faut bien rapatrier le CC, il faut trouver une date pour une nouvelle réservation. Pas trop proche pour laisser le temps de la réparation, pas trop loin pour ne pas être de retour avec du mauvais temps.

On fixe le 29 août. Plus de place. On pourrait avoir le 16 août mais ça nous semble trop près. On recule alors : 5 ou 12 septembre : complet, le 19 il n'y a plus que des couchettes en cabine à 6 places. Trop peu pour nous ! On finit par avoir de la place le 26 septembre. Ça nous semble bien loin, mais on ne peut pas faire autrement, aussi on réserve. La suite des événements démontrera qu'il n'y a eu en fait rien de trop.

 

En parallèle nous cherchons les pièces de rechange. Encore un problème, il y a plusieurs modèles et pour ne pas se tromper il faut la référence de la pompe qui ne peut être lue que démontée, ce qui implique le démontage de toute la face avant du CC.

 

Il faudra encore attendre 8 jours pour que le garage démonte la pompe et nous envoie la photo de la référence.

Tour des garagistes du coin, et du web. Nous y trouvons la bonne pièce mais disponible que dans 6 jours. On accepte (comment faire autrement?) et elle sera expédiée de Grenoble, donc encore 3 jours de délai de transport. On arrive doucement au 15 août ! Heureusement qu'on n'a pas réservé le bateau pour le 16 !

Avec les autres pièces achetées chez Renault, Jacques confectionne un gros colis (25 kg) pour l'envoyer en Islande par Chronopost pour plus de rapidité. Il arrivera le 20 août en Islande, enfin la réparation va pouvoir commencer.

On pense alors à organiser le retour en Islande par avion. Avec l'assistance nous fixons la date du 13 septembre pour laisser au garagiste le temps de travailler mais aussi pour nous laisser le temps ensuite de vérifier que ça marche et rejoindre le port. Début septembre la bonne nouvelle arrive : le camping-car tourne, il a fait 30 km d'essai. Nous confirmons la date du 13 pour notre retour.

 

Les avions sont réservés, les taxis aussi, tout semble devoir bien se passer lorsque soudain, le 12 en fin d'après-midi, Jacques fait un malaise ! Le stress de la situation n'y est sûrement pas étranger.

Hospitalisation d'urgence et séjour de 3 jours à l'hôpital. Plus de peur que de mal, mais le voyage doit être annulé.

On pense ne jamais s'en sortir, mais on est tenaces !

Après avis de la Faculté et de l'assistance, on remet le voyage au 21 septembre.

On prévient le garagiste de cette nouvelle date, mais il nous annonce que la météo prévoit les premières chutes de neige pour le week-end du 22/23 septembre.

Tant pis, on ne peut plus reporter, on verra bien.

Donc c'est le 21 septembre que nous faisons le trajet aérien en sens inverse pour rejoindre Akureyri, cette fois-ci dans la même journée.

Départ de la maison en taxi jusque Bruxelles et avion de Bruxelles à Keflavik. Un taxi nous emmène à Reykjavik où se trouve l'aéroport pour les lignes intérieures.

Il fait beau et même presque doux.

Un petit avion nous emmène vers Akureyri. Le long du trajet nous pouvons apercevoir les montagnes du centre de l'Islande qui sont enneigées. Au fur et à mesure que nous montons vers le nord, la neige recouvre le sol, même dans les vallées. Dans la descente vers Akureyri nous passons entre les sommets enneigés mais c'est sous la pluie que nous atterrissons. Un taxi nous attend.

Nous arrivons au garage à 20 h 30. Bien sûr tout est fermé mais nous avons gardé une clé et nous pouvons occuper le camping-car qui a été branché sur l'électricité ce qui nous permet de le chauffer. Il pleut et la température est de 1°. Sur les montagnes environnantes la neige est présente jusque très bas, environ 300 m nous a dit le chauffeur du taxi.

 

Mais problème, le branchement électrique assure la recharge des batteries "cellule", mais pas de la batterie moteur qui a souffert de plus de 2 mois d'inactivité sans compter les probables nombreux coups de démarreur pour remettre le moteur en route.

Bon on verra demain, pour l'instant on est contents de retrouver notre Nomade, en parfait état, pas une petite cuiller ne manque malgré tout le temps passé sur un parking extérieur. Les Islandais sont des gens de confiance.

 

Samedi matin un associé vient nous rencontrer, il démarre le camping-car avec un booster.

Jacques demande de changer la batterie, mais il n'a pas ce modèle en stock et le samedi les magasins d'accessoires sont fermés.

On se dit qu'en roulant la batterie va se recharger et on quitte enfin Akureyri.

Nous allons à Husavik visiter le musée de la baleine, à 80 km.

Mais en repartant la batterie ne veut rien savoir.

Heureusement il y a un garage à proximité, normalement fermé puisqu'on est samedi, qui a un modèle en stock et il fait le changement de batterie.

Ça y est, le camping-car est enfin opérationnel à 100% !!!

 

Début de la panne 6 juillet 15 h, fin de la panne 22 septembre 15 h. 78 jours de galères ! Mais on y est arrivé.

 

Merci à l'assistance qui nous a bien accompagnés du début à la fin.

Merci à Jòn le garagiste Renault d'Akureyri d'avoir remis sur roues notre cher camping-car.

 

Pas merci à Smyril Line pour son attitude hautaine et méprisante.

Pas merci au garage Volkswagen d'Akureyri de nous avoir traités comme des vaches à lait sans chercher à remédier à nos problèmes.